Pendant plus de deux décennies, Google a régné sans partage sur la découverte et l’indexation du web grâce à son célèbre robot d’exploration, Googlebot. Mais, cette ère de domination silencieuse est peut-être en train de s’achever.
Une nouvelle génération de robots explorateurs centrés sur l’intelligence artificielle — pilotés par OpenAI, Anthropic, Meta et d’autres — bouleverse aujourd’hui l’équilibre des forces numériques.
Le GPTBot d’OpenAI devient le robot le plus actif du monde
Selon une étude publiée par Hostinger, le GPTBot d’OpenAI est désormais le crawler le plus actif de la planète. En analysant les journaux d’accès de 5 millions de sites Web hébergés, les chercheurs ont constaté que le robot d’OpenAI avait exploré 4,4 millions d’entre eux, soit un taux de couverture de 88 %.
À titre de comparaison :
- Googlebot arrive second avec 3,9 millions de sites visités (78 %),
- tandis que d’autres robots IA — comme ClaudeBot d’Anthropic, les MetaBots ou encore les scrapers de TikTok — ont généré à eux seuls 1,4 milliard de requêtes quotidiennes sur le même échantillon.
Des acteurs plus « traditionnels », tels que Bing, Applebot ou les outils SEO comme Ahrefs, restent loin derrière en termes d’activité.
Un Web de plus en plus scruté… par les géants américains
L’étude souligne également une forte concentration géographique de ces activités :
- 80 % du trafic de crawl mondial provient de sociétés américaines,
- environ 10 % de bots viennent de Chine,
- le reste du monde se partage les 10 % restants.
Cette domination américaine pose une question cruciale : qui contrôle réellement les données que les intelligences artificielles apprennent et utilisent pour générer leurs réponses ? Les bots d’IA ne se contentent plus d’indexer des pages — ils alimentent les modèles de langage derrière ChatGPT, Claude ou Llama, influençant directement les résumés, les résultats de recherche générative et même la façon dont le Web est perçu.
Vers une nouvelle gouvernance de la donnée en ligne
Face à cette ruée vers les données, Hostinger a mis au point un outil d’audit IA permettant aux propriétaires de sites de choisir quels bots d’IA peuvent accéder à leur contenu. Concrètement, cela revient à un « robots.txt 2.0 », adapté à l’ère des modèles génératifs.
Ce nouvel outil répond à un besoin pressant : trouver un équilibre entre ouverture, usage équitable et durabilité. Car si les IA consomment sans limite les données du Web, elles risquent de fragiliser l’infrastructure même qu’elles exploitent.
La fin du monopole de Google ?
Jusqu’ici, Google fixait la cadence : ce que son robot n’explorait pas, le monde ne voyait pas. Mais l’arrivée des crawlers d’IA redéfinit cette hiérarchie. Chaque requête générée par un modèle comme GPT-5 ou Claude 4.5 dépend des contenus qu’ils parviennent à explorer et apprendre.
En d’autres termes, Google ne cartographie plus seul le web. Le nouvel âge des explorateurs numériques a commencé — et cette fois, ce ne sont plus seulement des moteurs de recherche qui creusent, mais des moteurs de compréhension.
