Face à la montée des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, Microsoft prépare une restructuration majeure de sa chaîne d’approvisionnement mondiale. Selon le quotidien économique Nikkei Asia, l’entreprise prévoit de déplacer la production de ses ordinateurs Surface, tablettes et serveurs hors de Chine à partir de 2026.
Cette décision marque un tournant stratégique pour le groupe, qui cherche à réduire sa dépendance à la Chine tout en anticipant d’éventuelles barrières douanières et restrictions d’exportation.
Une réponse directe aux tensions géopolitiques
Le projet de délocalisation survient alors que Washington et Pékin intensifient leurs mesures protectionnistes. Le président américain Donald Trump a récemment menacé d’imposer jusqu’à 100 % de droits de douane supplémentaires sur les importations chinoises, tandis que la Chine a restreint l’exportation de terres rares, essentielles à la fabrication de semi-conducteurs et de composants électroniques.
Pour Microsoft, cette escalade rend la situation trop risquée pour continuer à dépendre d’un seul pays pour ses produits phares, notamment les Surface, les Xbox et les serveurs de centres de données Azure.
« Microsoft privilégie désormais la résilience à la rentabilité à court terme », expliquent des sources industrielles citées par Nikkei.
Nouvelle carte industrielle : Vietnam, Thaïlande et Inde en ligne de mire
Le groupe aurait déjà commencé à transférer certaines lignes de production de serveurs hors de Chine. À terme, 70 % des nouveaux produits de la marque devraient être assemblés dans d’autres pays d’Asie, notamment le Vietnam, la Thaïlande et l’Inde, selon un rapport de Seeking Alpha.
Les partenaires historiques de Microsoft, tels que Foxconn et Pegatron, investissent déjà dans des infrastructures non chinoises pour accompagner cette transition.
Certains composants haut de gamme pourraient même être produits aux États-Unis afin de sécuriser davantage la chaîne d’approvisionnement.
Une manœuvre coûteuse mais stratégique
Cette relocalisation partielle n’est pas sans défis. Les coûts de main-d’œuvre plus élevés, les manques de compétences spécialisées et la nécessité de maintenir la qualité de production imposent un effort d’adaptation considérable. Mais pour Microsoft, c’est le prix à payer pour éviter les perturbations futures liées à des sanctions, tarifs ou restrictions technologiques.
Les analystes estiment que la transition permettra au groupe de renforcer son agilité industrielle et de mieux absorber les chocs géopolitiques, tout en diversifiant les risques sur plusieurs continents.
Une tendance qui s’étend à tout le secteur
Microsoft n’est pas seule dans cette démarche. Ses concurrents, comme Apple, Google et Amazon Web Services (AWS), multiplient également les investissements en Asie du Sud-Est pour sécuriser leurs chaînes logistiques.
- Apple a déjà commencé à produire des iPads, AirPods et futurs appareils domotiques au Vietnam.
- Google et AWS élargissent aussi leurs capacités de production et de stockage de données hors de Chine.
Cette délocalisation progressive reflète une recomposition profonde de l’industrie technologique mondiale, où la stabilité géopolitique devient désormais aussi cruciale que l’innovation.
