Une rumeur virale, un vieux réglage mal compris… et un rappel utile sur la confiance dans l’IA. Depuis quelques jours, X et Threads s’embrasent autour d’une accusation aussi inquiétante que massive : Google utiliserait secrètement le contenu de vos e-mails Gmail pour entraîner Gemini, son modèle d’IA. Des posts alarmistes ont tourné en boucle, pointant vers un réglage baptisé « Smart features and personalization » et conseillant de le désactiver immédiatement.
Sauf que… tout cela repose sur une mauvaise interprétation d’un vieux paramètre, et non sur une quelconque dérive récente.
Google a finalement dû s’exprimer publiquement pour clarifier la situation et calmer l’incendie.
Une rumeur partie d’un réglage déjà ancien
Au cœur du malentendu : une option Gmail qui existe depuis des années et sert uniquement à activer des fonctions comme le tri automatique des onglets, l’autocomplétion de Smart Compose, la reconnaissance de reçus ou confirmations de réservation pour organiser vos mails.
Rien de nouveau, rien de lié à Gemini — et surtout, rien qui n’alimente des modèles d’IA généralistes.
Pour désamorcer la situation, Google a été on ne peut plus clair : « Gemini n’est pas entraîné sur le contenu des e-mails Gmail ».
Let’s set the record straight on recent misleading reports. Here are the facts:
• We have not changed anyone’s settings.
• Gmail Smart Features have existed for many years.
• We do not use your Gmail content to train our Gemini AI model.
We are always transparent and…
—Gmail (@gmail) November 21, 2025
Une mise au point nécessaire, tant la désinformation s’était propagée vite… au point que certains médias spécialisés ont relayé l’info avant de publier une correction.
Pourquoi cela a explosé aussi vite ? L’époque est anxieuse.
Ce petit épisode est révélateur d’un climat technologique très particulier : les utilisateurs sont plus méfiants que jamais face à l’IA et à la manière dont leurs données circulent.
Les inquiétudes sont nourries par les nombreuses controverses autour du scraping massif de données Web, les attaques sur la confidentialité des services cloud, la compétition féroce entre OpenAI, Google et Apple, et l’arrivée de Apple Intelligence, présenté comme un modèle de « privacy by design ».
Dans ce contexte, il n’en faut pas beaucoup pour que la moindre ambiguïté s’interprète comme un complot.
Une question de confiance, pas seulement de technique
Pour Google, la situation est délicate : Gmail compte plus d’un milliard d’utilisateurs, dont un grand nombre dans l’entreprise via Workspace. La moindre suspicion de fouille dans les e-mails — même infondée — peut entamer la confiance durablement.
Cette rumeur devrait aussi servir d’électrochoc à Mountain View : si un paramètre existant depuis des années peut être interprété comme une porte d’entrée pour l’IA, c’est que son intitulé et sa description ne sont plus assez clairs pour l’utilisateur moderne.
Analyse : une polémique révélatrice, mais utile
Honnêtement, je comprends la panique. Les géants de la tech n’ont pas exactement un passé irréprochable sur la transparence, et l’on vit une période où l’IA évolue tellement vite qu’elle dépasse parfois les capacités de communication des entreprises.
Mais les faits sont têtus : Gmail ne sert pas de matière première à Gemini.
Et si Google veut éviter que ce genre de crise se reproduise, il devra redoubler de pédagogie — car si les réglages restent flous, Internet se charge toujours d’imaginer le pire scénario.
