Apple pourrait confier la production des puces séries M à Intel dès 2027

par Yohann Poiron le 29/11/2025

Un vrai retournement symbolique : après avoir abandonné les processeurs Intel en 2020 pour basculer sur ses propres puces Apple Silicon gravées par TSMC, Apple envisagerait… de confier une partie de la production de ses futurs séries M à Intel dès 2027.

C’est ce qu’affirme l’analyste Ming-Chi Kuo, qui rapporte que Intel aurait récemment fait un bond spectaculaire dans les négociations grâce à des progrès rapides sur son nouveau procédé 18A, présenté comme le premier nœud sous 2 nm disponible en Amérique du Nord.

Non, Apple ne retourne pas sur les processeurs Intel, mais Intel fabriquerait les processeurs Apple

Il ne s’agit pas d’un « retour en arrière » comme lorsqu’Apple utilisait des CPU Intel x86. La nuance est essentielle : Apple continuerait de concevoir ses puces de séries M (ARM), et Intel deviendrait simplement l’un des fondeurs, au même titre que TSMC.

Intel fournirait ainsi une partie des Apple M6 ou M7 d’entrée de gamme, probablement utilisés dans le MacBook Air, l’iPad Air et l’iPad Pro (versions non-Pro du chipset).

Les versions Pro, Max, et Ultra resteraient exclusivement chez TSMC, tout comme l’intégralité des puces de séries A pour iPhone.

Pourquoi Apple ferait-il appel à Intel ?

Plusieurs raisons stratégiques convergent :

  1. Diversifier sa chaîne de production : La dépendance totale à TSMC — situé à Taïwan, dans un contexte géopolitique fragile — est un risque majeur pour Apple.
  2. Satisfaire la pression politique américaine : Selon Kuo, Apple chercherait à montrer à une future administration Trump qu’elle soutient la production locale. En effet, Intel fabrique aux États-Unis et respectant le « Made in America ».
  3. Intel a besoin d’un client premium : Pour Intel, décrocher Apple serait le signal que le pire est derrière eux.

Le succès du nœud 18A ouvrirait potentiellement la porte aux futurs 14A et aux marchés de gros clients comme Apple, Qualcomm ou Nvidia.

Où en est Intel, concrètement ?

Kuo affirme que Apple a signé un accord de confidentialité avec Intel, que Apple a déjà reçu un premier PDK 0.9.1GA (le kit de développement pour concevoir les puces) et que Intel devrait livrer les PDK 1.0/1,1 au premier trimestre 2026. Si tout se passe bien, la production pourrait démarrer mi -2027.

C’est loin d’être garanti, mais Intel avance plus vite que prévu.

Qu’est-ce que cela changerait pour les futurs Mac et iPad ?

Probablement… pas grand-chose en apparence. Les puces fabriquées par Intel resteraient Apple Silicon, sous une architecture ARM, conçues 100 % par Apple, avec performances et efficacité attendues au même niveau que TSMC, car Apple ne validera rien de moins

Mais l’idée d’un « MacBook Air avec puce fabriquée par Intel » risque de déclencher quelques réactions allergiques chez les fans, encore traumatisés par les années Intel Core et leurs ventilateurs bruyants.

Intel peut-il vraiment tenir la cadence face à TSMC ?

C’est LA vraie question. TSMC reste largement en avance en termes de rendement, stabilité, et volume de production. Intel, de son côté, a accumulé des retards chroniques ces dernières années, fait graver ses propres GPU Arc… chez TSMC, et doit prouver la viabilité industrielle du 18A.

Apple acceptera zéro compromis sur les performances. Si Intel n’atteint pas le niveau requis, le contrat tombera à l’eau.

Les MacBook Air et iPad de 2027 pourraient donc être les premiers appareils Apple à embarquer un M-series conçu à Cupertino… mais né dans les usines Intel.

Reste à voir si Intel sera capable de redevenir un géant de la fondry. Et surtout, si les utilisateurs accepteront ce mariage inattendu.