Microsoft fait trembler Google : Bing atteint 29 % de part de marché aux États-Unis

par Yohann Poiron le 02/08/2025

Il y a deux ans, Satya Nadella, PDG de Microsoft, annonçait la couleur : faire « danser Google » en injectant massivement de l’intelligence artificielle dans Bing. Aujourd’hui, les chiffres montrent que ce pari n’était pas qu’un effet d’annonce.

Microsoft a bel et bien grignoté des parts de marché à Google avec Bing, aux États-Unis comme à l’échelle mondiale.

Bing progresse, Google recule

Selon les dernières données de Comscore et StatCounter relayées par Jordi Ribas, Bing a gagné en pertinence et en popularité depuis l’arrivée de l’IA générative dans son moteur de recherche en février 2023.

Aux États-Unis, Bing détient désormais 29 % de part de marché sur le segment de bureau, contre environ 60 % pour Google. C’est une progression de 2,1 points en seulement deux ans. À l’échelle mondiale, Bing atteint 11,6 %, soit une hausse de 3,4 points.

En parallèle, Google enregistre une perte de vitesse : -1,2 point de part de marché aux États-Unis et -6,1 points dans le monde, toujours selon les mêmes sources.

Une stratégie qui rapporte gros

Cette progression n’est pas qu’un simple trophée de prestige pour Microsoft. Le marché de la publicité sur les moteurs de recherche est colossal, et chaque point de part de marché gagné représenterait 2 milliards de dollars de revenus supplémentaires. C’est ce qu’avait estimé Philippe Ockenden, vice-président de la finance chez Microsoft, lors du lancement de Bing Chat en 2023.

Lors de son dernier rapport fiscal, Microsoft a annoncé une croissance de 1,6 milliard de dollars (+13 %) de ses revenus publicitaires issus de la recherche et de l’actualité. Hors coûts d’acquisition de trafic, cela représente une hausse de 20 %, en grande partie grâce à une augmentation du volume de recherches et du revenu par recherche.

Un succès mitigé sur mobile, mais une domination croissante sur desktop

Si Bing gagne du terrain sur desktop, la situation est différente sur mobile. Sur l’ensemble des plateformes (desktop, mobile, tablette), Bing ne détient que 4 % de part de marché, contre près de 90 % pour Google.

Cela montre que les efforts de Microsoft se concentrent avant tout sur Windows et Edge, avec des techniques agressives pour inciter les utilisateurs à conserver Bing comme moteur par défaut. Cela semble porter ses fruits, mais laisse entrevoir un potentiel encore sous-exploité sur mobile.

L’IA comme levier stratégique

Microsoft a clairement misé sur l’IA comme catalyseur de sa stratégie de reconquête. Avec l’intégration de Bing Chat, renommé depuis en Copilot, le géant de Redmond a su capter l’attention d’un nouveau public. Peu après son lancement, Bing avait dépassé les 100 millions d’utilisateurs actifs.

Même si l’entreprise a depuis recentré ses efforts autour de Copilot — en concurrence directe avec ChatGPT d’OpenAI —, Bing reste un pilier dans l’écosystème Microsoft, notamment grâce à son rôle de moteur de grounding pour des assistants IA tiers comme ChatGPT et Meta AI.

Microsoft s’impose, Google réagit

Pour la quatrième année consécutive, Bing et Edge gagnent des parts de marché. La stratégie de Microsoft, mêlant innovation technologique, IA générative et intégration poussée dans Windows, commence à porter ses fruits. Google, de son côté, a dû réagir en introduisant ses propres résumés IA (AI Overviews) et un mode dédié à l’IA dans son moteur de recherche.

Mais le message est clair : Microsoft a réussi à faire danser Google… et la musique ne semble pas près de s’arrêter.