Alors que l’intégration de l’intelligence artificielle dans la recherche Google suscite de vives critiques dans l’industrie des médias en ligne, la firme de Mountain View monte au créneau pour défendre sa position.
Dans un article de blog publié ce mercredi, Liz Reid, vice-présidente de Google Search, affirme que le volume de clics reste globalement stable par rapport à l’année dernière, et réfute les accusations selon lesquelles les résumés générés par l’IA nuiraient au trafic des sites Web.
Les résumés IA de Google au cœur de la polémique
Depuis quelques mois, les « AI Overviews » (Aperçus IA) — des résumés automatiques qui s’affichent en haut des résultats de recherche — font grincer des dents. Ces réponses générées par l’IA de Google visent à synthétiser les informations recherchées sans que l’utilisateur ait besoin de cliquer sur un lien.
Mais, selon une étude du Pew Research Center, ces nouveaux formats incitent justement moins les internautes à visiter les sites sources. Résultat : plusieurs grands médias américains, dont The Washington Post, HuffPost ou Business Insider, ont rapporté une chute de trafic significative, voire des vagues de licenciements.
Google conteste les chiffres et défend son modèle
Liz Reid répond frontalement à ces critiques : selon les données internes de Google, le trafic généré par le moteur de recherche n’a pas connu de baisse significative, et reste même bénéfique à certains types de contenus. Elle accuse certaines études tierces de reposer sur des méthodologies « biaisées » ou « limitées ».
Elle reconnaît toutefois que les habitudes de recherche évoluent, provoquant des disparités : certains sites voient leur trafic baisser, d’autres au contraire en bénéficient. Google affirme observer une hausse de trafic vers les forums, les vidéos, les podcasts, ainsi que vers les sites proposant des voix authentiques, des avis détaillés, des analyses originales ou des contenus de niche.
Un trafic « plus qualifié » grâce à l’IA ?
Autre argument avancé par Google : même si certains utilisateurs ne cliquent pas directement sur les liens présents dans les résumés IA, ceux qui le font passeraient plus de temps sur les pages consultées, explorant davantage les sujets. « Une réponse IA donne un aperçu général, mais les gens cliquent pour approfondir. Et ces clics sont plus précieux », affirme Reid.
Ce positionnement rejoint la stratégie globale de Google : proposer une expérience de recherche assistée par IA, sans pour autant couper les éditeurs de leurs sources de monétisation.
Une redéfinition du Web… sans les créateurs ?
Mais le scepticisme grandit chez les éditeurs de contenu, en particulier les petits créateurs et les médias indépendants. Les récentes mises à jour de l’algorithme de recherche ont déjà fait des dégâts, reléguant de nombreux sites hors des premiers résultats. Désormais, avec l’intégration massive de l’IA dans la recherche — notamment avec l’arrivée du « AI Mode » généralisé aux États-Unis — beaucoup craignent une marginalisation des sites Web classiques.
D’autant plus que Google teste actuellement une nouvelle interface de résultats IA, où les réponses générées occupent encore plus d’espace, au détriment des liens traditionnels.
Un modèle à repenser pour les éditeurs ?
Pour les éditeurs numériques, cette évolution pose un dilemme de fond : comment exister dans un Web où Google synthétise tout et limite les clics sortants ? Pour l’instant, Google assure que l’équilibre entre expérience utilisateur et visibilité des sources reste intact. Mais pour de nombreux professionnels, le modèle économique du contenu gratuit financé par la publicité est sérieusement remis en cause.
Certains appellent déjà à de nouvelles formes de collaboration entre moteurs de recherche et créateurs, basées sur le partage de revenus, la visibilité garantie ou même des accords de licence sur les données utilisées pour entraîner l’IA.
Google joue l’apaisement… mais le fossé se creuse
Avec cette communication officielle, Google tente de rassurer et de reprendre la main sur un débat de plus en plus tendu. Mais derrière le discours positif, les inquiétudes des éditeurs sont réelles, et l’écosystème du web librement accessible semble plus que jamais fragilisé.
Entre promesses d’un trafic « plus pertinent » et peurs d’une hégémonie de l’IA sur l’information, l’avenir de la recherche en ligne se joue maintenant.