Dans le monde en constante évolution du développement logiciel, une nouvelle approche bouleverse les méthodes traditionnelles : le vibe coding. Le terme, inventé en février 2025 par Andrej Karpathy (ancien chercheur chez OpenAI), désigne une pratique où les développeurs utilisent des prompts en langage naturel pour guider des modèles d’IA avancés dans la génération de code.
L’idée est simple : laisser les « vibes » guider l’intention, pendant que l’IA se charge de la syntaxe et des tâches répétitives.
Le rôle des développeurs change
Grâce au vibe coding, le développeur senior devient superviseur. Là où il concevait autrefois des architectures complexes, il valide désormais le code généré par l’IA, corrige les erreurs et affine le résultat.
Selon un sondage de Fastly (juillet 2025), relayé par The Register, les développeurs expérimentés utilisent plus de 50 % de code généré par IA, deux fois plus que les juniors. Résultat : ils affirment livrer du code 2,5x plus vite.
Mais cette rapidité a un revers : beaucoup décrivent leurs journées comme de l’« AI babysitting », c’est-à-dire une surveillance constante pour détecter et corriger les bugs.
Les critiques : productivité ou perte de compétences ?
Certains experts redoutent que le vibe coding n’entraîne une érosion des compétences fondamentales, en particulier chez les débutants. Un article de Final Round AI parle même de « pseudo-développeurs inemployables », incapables de maintenir du code hérité.
En pratique, si la perception est une hausse de productivité de 20 %, les mesures montrent en réalité une baisse de 19 % à cause du temps consacré à la correction des erreurs.
Sur X, des figures comme Bindu Reddy rappellent que le vibe coding n’est pas magique : il demande des compétences fines pour comprendre les limites des modèles et les « pousser » à corriger eux-mêmes les bugs.
Les seniors l’adoptent, les startups en profitent
Malgré ces critiques, les développeurs expérimentés voient dans cette pratique une libération. Dans un article de TechCrunch (septembre 2025), un ingénieur compare son rôle à celui d’un éditeur qui peaufine un brouillon. Moins de temps perdu sur le code répétitif, plus d’espace pour l’innovation.
La tendance se retrouve dans l’écosystème startup : selon Ambit Software, 25 % des startups financées par Y Combinator en 2025 s’appuient sur du code produit à 95 % par l’IA.
Risques et opportunités
- Risques : code peu sécurisé, dépendance à l’IA, dilution des savoir-faire. (The New Stack)
- Opportunités : démocratisation du développement, prototypage rapide, nouveaux business models. Des entrepreneurs témoignent de revenus annuels à 300 000 de dollars générés grâce à des apps « vibe codées ».
Le cabinet Gartner prévoit un marché de 4,7 milliards de dollars pour les plateformes de vibe coding d’ici 2026, porté par des outils comme Replit et Cursor.
Quel avenir pour le vibe coding ?
Selon des analystes, dans moins de trois ans, le vibe coding pourrait devenir la norme. Des modèles d’IA toujours plus puissants seront capables de traiter des codebases entières, laissant aux développeurs un rôle de stratèges et de garants de la qualité.
Le conseil pour les juniors est clair : maîtriser le vibe coding sans négliger les bases. Car si l’IA génère le code, c’est encore l’humain qui doit s’assurer qu’il innove, qu’il est sécurisé, et qu’il répond aux besoins réels.
Le vibe coding n’est pas une mode passagère, mais une révolution culturelle dans la programmation. Il change la posture des développeurs, accélère l’innovation, mais pose aussi des défis en termes de sécurité et de formation. Comme le résume un ingénieur : « C’est parfois fastidieux, mais ça en vaut la peine, car ça décuple la créativité humaine ».